Made with racontr.com


Le brouillard se lève. Au creux de la vallée, le chantier Tramasset se dévoile peu à peu et l’on distingue enfin, soutenu par des vieilles pierres, l’immense charpente de bois. Au loin, la Garonne s'écoule lentement et les dernières écharpes de brumes disparaissent avec le soleil montant.


Sous les voûtes, quelques ouvriers s’affairent déjà à réparer quelques vieux bateaux de bois. Ici, on fixe les dernières pièces d'un mât. Là, on répare une coque. Parfois aussi, on s'arrête le temps d'une clope ou d'une rapide discussion.


Dans l'atelier, les bruits des marteaux et des ponceuses font écho à celui des doigts qui tapent sur les claviers, quelques mètres plus haut. D'autres salariés, cachés dans les bureaux, sont aussi au travail. Si les charpentiers de marines font vivre un savoir-faire ancestral, les administratifs, eux, s'activent pour qu'il se diffuse.


Car l’association n’a pas vocation à être un simple repaire d’amateurs de bateaux : elle accumule les projets pour garder vivant l’héritage patrimonial de la Garonne. Avec au coeur l’envie de créer du lien social entre les gens du coin, qu’ils soient jeunes ou vieux, prolo ou bobo.


alt
alt

Le chantier fabrique et entretient des bateaux depuis 1837. Même si l'activité s'est arrêtée pendant plusieurs années, les chantiers Tramasset ont retrouvé leur réputation. De nombreux particuliers font appel à leurs services.

Les charpentiers de marines ont aussi pour mission de transmettre leur savoir-faire aux adhérents.

Acteur économique et culturel, les chantiers multiplient les projets. Certains, comme le festival des vieux bateaux de bois, qui réunissent 3000 personnes chaque année, sont liés aux activités fluviales. D'autres - des projections de films ou des concerts - n'ont rien à voir. De simples lieus de construction, l'espace est devenu au fil des années un lieu de socialisation pour l'ensemble du village. "L'été, on fait des grandes bouffes, chacun ramène son truc et on partage tout", raconte une habituée. 

"Nous sommes très importants pour le territoire", explique - sans fausse modestie - la vice-présidente, Martine Palto. Sauf qu’à trop en faire, l’association a du mal à se définir. Pour certains, construire des bateaux et transmettre le patrimoine fluvial est une fin. Pour d’autres, c’est un moyen de créer du lien social. Une double identité qui frôle la schizophrénie mais qui n’a jamais vraiment posé problème quand l’association avait de l’argent.



Aujourd'hui, elle connaît une vraie crise financière. Clore le débat se fait pressant. Il anime, depuis six mois, une bonne partie des débats internes à la structure. "C'est une période compliquée", estime la vice-présidente. La mauvaise santé financière oblige les gestionnaires à faire des choix. Les employés sont au chômage partiel depuis début avril et un contrat de charpentier n'a pas été renouvelé. "Les vies qui se jouent sont celles de nos amis", continue la responsable.


Difficile, alors, de faire des choix économiques qui pourraient mettre des proches au chômage. Lors de la dernière assemblée générale, le conseil d'administration a proposé une série de mesures qui diminuerait les frais. Les adhérents n'ont pas suivi. Par angélisme, explique la vice-présidente. "C'est une mentalité qui doit changer", conclue-t-elle. Surtout que la fin du projet "Demain le Fleuve" ne laisse plus le choix à l'association qui doit trouver de l'argent ou sacrifier une partie de son activité. 


VERS CHAPITRE 2